Les violences invisiblesUne de nos préoccupations majeures est de faire le bonheur de nos chers poilus car ils font partie de nos vies. Pour cela, nous renonçons à certaines activités pour éviter de les laisser seuls trop longtemps, nous les choyons, les caressons, les baladons, ramassons leurs déjections quotidiennes, nous les surveillons afin de déceler d’éventuels problèmes de santé ou d’inconfort, bref, nous veillons sur eux en leur apportant ce que nous pensons être leur bien-être et disons « je suis prêt à tout pour mon chien ». Il faut cependant prendre conscience de certaines erreurs commises par le maître majoritairement animé de bonnes intentions. Ces erreurs sont interprétées par le chien comme des violences, mais invisibles par les humains car elles ne sont pas intentionnelles. Des erreurs?Oui, quand nous satisfaisons nos instincts anthropomorphiques. C’est-à-dire quand le maître ne respecte pas le statut social et comportemental propre à l’animal et lui impose les codes de conduite « humains ». Posons-nous les questions suivantes: Respectons-nous nos chiens en les soumettant à toutes sortes d’exigences à nos yeux indispensables? En voici quelques exemples : Exigences d’hygiène en fonction de nos critèresLe toilettage (souvent à outrance) : un chien sort de chez le toiletteur, avec un poil pulsé, une fourrure magnifique et aérée, sentant bon: voilà qui va plaire au maître !! En plus de devoir exhaler une odeur plaisant à son maître (et parfois à lui seulement), le malheureux Médor doit aussi ne pas éliminer n’importe où, n’importe quand, il ne doit pas flairer les choses malpropres et (horreur) les manger. Mais, à la première occasion, et fort heureusement, l’instinct du chien reprend le dessus, il va se rouler dans la première « merdouille » rencontrée pour masquer l’odeur des shampooings et autres produits capillaires, retrouver une odeur bien plus connue par sa « truffe » et donc tellement plus agréable. (pour lui) Compréhension, reconnaissance, obéissance* Exigences de reconnaissance : « il n’est pas reconnaissant avec tout ce qu’on lui a acheté » * Exigences de compréhension: «Il est con ce chien, il ne comprend rien de ce que l’on attend de lui. * Exigences d’obéissance : demander à des chiots d’assimiler plusieurs interdits. En agissant de la sorte, et en projetant ainsi sur nos chiens ce que nous désirons le plus au monde, en imposant notre point de vue et surtout notre point de « vie », sans utiliser les codes de communications propres aux chiens, nous ne les reconnaissons pas en tant qu’êtres différents de nous. En agissant ainsi, nous bafouons leurs propres besoins !!! Les habillagesAttention aux concours de déguisement, carnaval, concours de charrettes au cours desquels nos chiens en général et nos boubous tout particulièrement sont costumés. -Exigences de forcer le chien à garder un vêtement, des lunettes, une casquette, etc.…. Ainsi, nous exigeons de notre chien qu’il abandonne son statut d’animal avec ses codes de conduite, de communications, pour adopter celui de l’humain qui n’a aucun code compréhensible par le chien; car l’humain a cette faculté de changer d’avis et de comportement, tellement souvent dans les mêmes circonstances, que nos pauvres chiens ont bien du mal à suivre. Au quotidien– Les invitations à notre table ou dans notre lit – privilèges devenant souvent incohérents car ce qui est autorisé un jour ne l’est par forcément le lendemain où cela devient un interdit, pour redevenir possible sans raison (pour le cerveau du chien) une autre fois. -Obligation est faite au chien de dormir quand le maître l’a décidé. Ce qui revient à obliger le chien à adopter notre rythme veille/sommeil, avec un facteur aggravant qui consiste à laisser le chien en inactivité toute la journée pour le surexciter le soir avant le coucher. –Exigences de faire cohabiter notre chien avec une autre espèce (chat, lapin etc …) à laquelle il n’a pas été familiarisé. Facteur aggravant ces animaux considérés par l’inné du chien comme des proies, doivent être des complices car le maître l’a décidé. L’aspect affectif-Exigences de contact avec les humains: n’importe où, n’importe quand et avec n’importe qui. On a souvent envie de prendre dans les bras, nos gros poilus, de leur faire plein de bisous, de les enserrer pour les embrasser. Régulièrement des morsures, des agressions découlent de cet affectif trop envahissant (agressions dite d’irritation). En meute les bisous n’existent pas; les contacts se font pas des petites bousculades et des signaux de communication. Même si les boubous ou d’autres races réputées « gentilles » savent se montrer très dépendante de l’être humain, les embrassades sont une pratique qui les excède. -Exigences affectives : nous attendons de nos chiens une égalité d’humeur, mais nous-mêmes, l’avons-nous à chaque instant? La réponse est NON Lors d’expositionsLes présentations en exposition qu’on impose aux chiens: sont un stress très important pour le chien qui va mettre plusieurs jours à récupérer. Attention de ne pas devenir ces propriétaires atteints de « championnite aigüe » qui ont tendance à exhiber leur chien avec excès. Plus grâve encore: Lors d’une exposition, il est courant de placer des chiens à plusieurs dans une même cage. S’il est évident que c’est extrêmement pratique et confortable pour le maître, là encore, il faut savoir que nous commettons une terrible erreur: en effet les chiens ont tous une distance de sécurité, dite « critique » à respecter impérativement. C’est une zone dans laquelle le chien peut tolérer l’approche d’un individu, voire un contact. Cette zone est fluctuante et dépend, bien évidemment, de l’individu, de son état émotionnel, hormonal et du contexte. La franchir peut perturber le chien, le stresser énormément, sans possibilité de fuite. Ainsi, dans ces cages où il y a obligation de cohabiter, le stress grandit et devient de plus en plus important à mesure que les heures passent et est proportionnel à la différence de taille des chiens enfermés dans la même cage. (ex : chien petite race avec chien grande race). Exemple de conséquence sur un chien participant à outrance à des expositions canines. Je fus témoin, lors d’une exposition, d’une situation très particulière. Je vis un mâle boubou, régulièrement sur les podiums, arriver sur le ring en boitant. Les propriétaires étaient vraiment désolés car leur grand plaisir était d’exposer leur chien et ils voulaient continuer à pouvoir le faire, boiterie ou pas!! Visites chez des spécialistes en structure osseuse, clichés radiographiques, produits anti-inflammatoires, rien n’y faisait….Le chien arrivait toujours sur le ring en boitant. Mais quelle ne fut pas ma surprise de le voir un jour repartir en se dandinant, sûr de lui, et ne boitant plus. A un moment donné, le chien a compris que lorsqu’il boitait en montant sur le ring le maître adaptait sa réaction en fonction du problème, et le faisait sortir du ring. Le chien a donc « instrumentalisé » et reproduisait, à chaque fois, la même situation, évitant ainsi stress et désagrément.
Quelque soit le sport pratiqué au « travail », obéissance, agility, ring, mondio, pistage, courses etc…, l’humain a souvent tendance à regarder en premier SON plaisir, sans tenir compte des besoins de son chien.
Sa sociabilité doit être en rapport avec la nôtre : agréable avec nos bonnes relations (ex. ami proche, voire très proche) et distant avec les mauvaises relations (ex. l’inévitable belle-mère, l’ex). Exigences qu’il n’ait pas de contact avec ses congénères. Impossibilité d’exprimer des comportements normaux (se rouler dans des odeurs pour nous nauséabondes, flairer la région génito-anale du chien croisé en promenade, lever la patte sur les arbres dans le jardin…). Le lecteur aura compris que les besoins des humains ne sont pas ceux des chiens . Il faut simplement se poser la question de savoir si les besoins éthologiques du chien sont respectés. N’oublions pas que les chiens ont un pouvoir d’adaptation extraordinaire (en fonction des différents stimuli reçus durant leur enfance bien sûr). Retenez simplement que exigences = violences invisibles. Bref regardez votre poilu préféré et chéri pour comprendre ce qui lui convient ou pas. Christine de TURCKHEIM |